L'ensemble Saniye Ismail du Kazakhstan nous fait pénétrer au cœur de l’univers poético-musical des Ouïghours. Particulièrement riche, il mêle influences indo-persane et turcique (peuples turcophones d’Asie centrale), bouddhisme, manichéisme et soufisme. En son cœur demeure le Onikki muqâm, un vaste corpus composé de « 12 suites » (onikki) interprétées dans 12 modes musicaux (muqâm) distincts. Ce véritable monument totalise 360 mélodies vocales et instrumentales, dont l’interprétation complète s’étend sur 24 heures.

Outre ces grandes suites de la tradition « classique », la musique ouïghoure offre une grande diversité de répertoires régionaux. Chaque ville est en effet associée à des chants traditionnels, tels que le Senem, qui alimentent les banquets conviviaux (Meshrep).

Aujourd'hui, le Kazakhstan est la région du monde où se trouve la plus grande diaspora ouïghoure. Depuis le durcissement de la politique chinoise, le Kazakhstan apparaît comme une terre d’espoir. Certains artistes comme Saniye Ismail sont devenus les gardiens de ces traditions menacées et les porte-flambeaux d’un nouveau devenir.

Saniye Ismail, née à Yarkent (Jarkent) au Kazakhstan, a grandi dans une famille de musiciens originaire de la région ouïghoure de Chine. Elle s’est formée auprès de chanteuses renommées comme Ayshemgul Memet à l’Institut des Arts du Xinjiang à Urumchi, pour maîtriser l’art de l’interprétation des grandes suites musicales. Installée à Almaty (Kazakhstan) depuis plusieurs années, elle mène une vie créative intense, interprétant des répertoires classiques et contemporains inspirés de la tradition. Elle figure aujourd’hui comme l’une des chanteuses les plus vénérées de la diaspora ouïghoure.

Saniye Ismail : chant, dutar (luth à manche longue)

Gait Arslan : tanbûr (luth à manche longue)

Bakhadir  Iminzhan : satar (vièle à manche longue)

Abridmov Nazim : dap (percussion)

Festival de Musique Sacrée du Monde, Fès 2022 © Vidéo Mukaddas Mijit